6% des joueurs auraient des pratiques problématiques d’après le baromètre de Santé publique France de l’année 2019, le dernier en date à inclure un volet consacré aux pratiques de jeux d’argent et de hasard des Français. S’il n’est pas excessif, ce chiffre est tout de même à considérer avec sérieux car ces pratiques peuvent parfois conduire à des situations dramatiques. Focus ici sur des conseils permettant de déceler des pratiques de jeu dangereuses, de trouver de l’aide le cas échéant, ou encore de mettre en place les bonnes pratiques d’un jeu responsable.
Comment savoir si une personne présente des pratiques de jeu problématiques ?
Utilisé par Santé publique France - qui est l'agence nationale de santé publique sous tutelle du ministère chargé de la Santé - dans son étude précédemment citée, l’Indice Canadien du Jeu Excessif (ICJE) propose un questionnaire en ligne pouvant aider un joueur à déceler une pratique problématique.
En France, l'Autorité Nationale des Jeux (ANJ) met également à disposition un test en ligne sur son site d'évaluation et de conseils personnalisés EVALUJEU, test qui permet au joueur de faire un point sur ses pratiques.
Les pratiques dangereuses sont parfois difficiles à identifier par le joueur, qui peut avoir tendance à se mentir à lui-même. Dans ce cas, son entourage a un grand rôle à jouer. Apporter de l’aide à un joueur ayant des pratiques dangereuses, c’est d’abord savoir reconnaître ses problèmes face au jeu.
- Voici plusieurs pratiques de jeu problématiques :
Le joueur mise plus d'argent qu’il ne peut se permettre de perdre (il mise par exemple l’argent prévu pour son loyer, ou pour ses courses alimentaires). - Il se met en difficultés financières ou matérielles (endettement, vente des biens, etc.) afin d’avoir de l’argent pour continuer à jouer.
- Le joueur a besoin d’augmenter ses mises au fil du temps pour garder le plaisir du jeu.
- Il ressent un besoin incompressible de se refaire immédiatement derrière un pari perdu.
- Le joueur augmente ses limites financières dédiées au jeu qu’il s’était précédemment fixées.
Lorsqu’une personne présente l’une ou plusieurs de ses pratiques de jeu dangereuses (liste non exhaustive), il est important qu’il se fasse aider, que ce soit en contactant des structures spécialisées ou en en parlant à des proches.
Les aides et associations à disposition des joueurs
Joueurs info Service
Intégré depuis le 1er mai 2016 de l’agence Santé publique France, Joueurs info service est un service national d’aide à distance en matière de jeu et de dépendances.
Pouvant être contactés en ligne par chat ou au téléphone au 09.74.75.13.13 (appel non surtaxé), les conseillers Joueurs info service sont des professionnels qualifiés recrutés notamment pour leur qualité d’écoute. Disposant de l’annuaire national des structures spécialisées en addictologie recensées et mises à jour par Joueurs info service, les conseillers peuvent orienter tout joueur demandeur vers la structure la plus proche de chez lui.
SOS Joueurs
Association à but non lucratif dont les services d’aide sont gratuits, SOS Joueurs propose également une permanence téléphonique (au 09.69.39.55.12, appel non surtaxé). Celle-ci est assurée par des psychologues spécialisés dans le traitement de l’addiction au jeu.
Cette association, figure de proue contre la dépendance aux jeux d’argent et aux jeux vidéo, peut proposer aux joueurs d’être orientés vers un centre de traitement. Elle offre également un soutien juridique avec la possibilité de poser des questions à un avocat spécialiste.
Le site de SOS Joueurs, comme celui de Joueurs info service, propose des informations, des témoignages et des conseils consultables gratuitement.
Ces deux structures ne sont pas les seules à venir en aide aux joueurs dans le besoin. Il existe d’autres structures d’aides spécialisées comme Adictel, et il est aussi possible de faire appel à des associations combattant toutes sortes de dépendance.
L’entourage
Un joueur sentant que sa pratique devient dangereuse peut préférer vouloir en parler à un proche (ami, membre de la famille, collègue de travail, simple connaissance…) plutôt qu’à une structure dédiée. À l’inverse, n’importe quelle personne décelant une pratique problématique chez un joueur qu’elle connaît doit intervenir. Dans les deux cas, il est important que l’entourage discute du sujet avec le joueur, et se tienne à son écoute.
- Si le joueur reconnaît avoir un problème avec les jeux d’argent, il est important qu’il contacte l’un des professionnels cités ci-dessus.
- Si le joueur n’a pas conscience d’avoir un problème ou qu’il refuse de se faire aider, il est recommandé au proche de prendre directement contact avec l’une des structures dédiées pour obtenir des conseils sur la marche à suivre.
Soutenir financièrement un proche se trouvant dans une situation de dépendance n’est pas une solution. Au contraire, il est préférable qu’il ne puisse pas avoir accès à des ressources supplémentaires pour jouer (portefeuilles, cartes bancaires, comptes de jeux en ligne des proches…).
La protection des mineurs, un enjeu majeur
Les jeux d'argent et de hasard sont interdits aux mineurs par la loi française. Pourtant, plus d’un tiers des jeunes mineurs (34,8%) y auraient joué en 2021 d'après une enquête quantitative menée auprès de 5 000 jeunes de 15-17 ans par la SEDAP, association de lutte contre les addictions, avec l’appui de l’ANJ.
En ligne, certains mineurs parviennent à passer outre le contrôle d’identité à l’inscription des sites, notamment en jouant sur le compte de personnes majeures (parents, amis ou autres), ou en créant un compte au nom de leurs parents. D’après l’enquête, les parents sont même parfois complices puisqu’un quart des jeunes joueurs (23,6 %) indiquent accéder à des jeux en ligne avec leur accord.
Il est évidemment primordial que tout adulte garde face à ce sujet une attitude responsable :
- En interdisant aux mineurs de jouer à des jeux d’argent, tout en leur expliquant pourquoi (l’interdiction légale, les risques, etc.).
- En s’obligeant à ne pas jouer en leur présence pour ne pas les inciter.
- En mettant en place les moyens nécessaires les empêchant d’accéder aux sites de jeux d’argent en ligne (système de contrôle parental, blocage d’URLs sur les navigateurs Web, etc.).
Les bonnes pratiques d’un jeu responsable
Si 6% des joueurs français présentent des pratiques problématiques, la grande majorité d’entre eux savent rester maîtres face aux jeux d’argent et de hasard. Le jeu d’argent doit être avant tout un loisir, synonyme d’amusement et de divertissement.
Voici quelques conseils et bonnes pratiques pour que le jeu reste un moment de plaisir et de convivialité, et ne devienne pas un danger pour la vie financière, sociale ou familiale des joueurs :
- Miser dans un cadre légal. En ligne, seuls les sites des opérateurs agréés par l’ANJ permettent de modérer les pratiques des joueurs en leur demandant de fixer plusieurs limites de jeu rendues obligatoires par la loi.
- Se fixer un « budget jeux d’argent » à la manière d’un « budget loisir », afin de ne jamais empiéter sur l’enveloppe dédiée aux frais fixes du foyer.
- Ne jamais faire dépendre son budget mensuel des jeux d’argent : ces derniers doivent avant tout être considérés comme une dépense et non pas comme une source de revenus potentielle.
- Garder en tête qu’aucun jeu d’argent ne garantit de gagner de l’argent à coup sûr.
- Jouer de manière récréative. Lorsque le jeu devient synonyme de perte de contrôle, de source d'angoisse, ou de rupture du lien social, il convient de se faire aider.