L'équipe de France de rugby a effectué cet été une tournée extrêmement prometteuse après quatre années de souffrance sous l'ère Saint-André et un tournoi des Six Nations décevant sous les ordres du nouveau sélectionneur, Guy Novès. Focus sur les enseignements à tirer après deux test matchs face aux Pumas
Guy Novès a pu tester de nouveaux joueurs lors de la tournée d'été
Le plaisir et l'ambition au coeur du projet de jeu du nouveau staff
Après des années de contre-performances conclues par une cuisante défaite en quarts de finale de la précédente coupe du monde face au futur vainqueur, la Nouvelle Zélande, 62-13, Guy Novès a été intronisé à la tête des Bleus par le président de la Fédération Pierre Camou. La mission assignée au nouveau boss est de redonner envie aux supporters de suivre et encourager une sélection moribonde depuis de trop nombreuses années. Pour ses débuts, l'ancien entraîneur du Stade Toulousain a opéré un léger redressement lors du tournoi des Six Nations mais les trois défaites ont rappelé à tous les observateurs que cette équipe était encore convalescente. Finalement, les Bleus ont terminé à une décevante cinquième place. Ainsi, cette tournée d'été en Argentine est l'occasion pour le nouveau staff de découvrir de nouveaux joueurs et de parfaire le système de jeu. Réputé pour demander à ses joueurs de prendre beaucoup d'initiatives, Novès a tenté de transposer cette philosophie en équipe nationale. Si les résultats n'ont pas été au rendez-vous lors du tournoi 2016, les intentions, elles, étaient bel et bien présentes mais cela prend du temps et comme l'a souligné Novès en mars dernier : « Cette équipe a l'avenir devant elle ».
Ainsi, les Bleus se sont envolés vers l'Argentine avec l'idée de progresser et de proposer un jeu plus attrayant et davantage porté sur l'offensive. C'est dans cet état d'esprit que l'équipe de France s'est présentée le 19 juin à Tucuman pour affronter les Pumas. Privés de nombreux éléments en raison de la présence de plusieurs internationaux en quarts de finale de Top 14, les Français ont longtemps fait jeu égal avec le Quinze d'Argentine mais des pénalités en fin de partie de Sanchez (62ème et 66ème) et un essai de Petti (74ème) ont sonné le glas des espoirs des hommes de Novès d'accrocher les Pumas. Pour le deuxième match, de nombreux joueurs défaits en quarts de finale de Top 14 ont intégré le Quinze titulaire et pour quelle réussite ! A la fin des 80 minutes, la France s'est imposée sur le score sans appel de 27-0. La dernière fois que la France s'était imposée lors d'une tournée d'été remonte à 2012 et un large succès obtenu face à ces mêmes Pumas, 49-10. Ce succès probant rend compte des progrès effectués par les Bleus depuis l'arrivée de Guy Novès et de son staff. La terne prestation des Argentins ne doit pas masquer les qualités de conquête, de réalisme et de maîtrise dont ont fait preuve les joueurs. En effet, les prises d'initiative individuelles ont été au rendez-vous et cela s'est traduit par de nombreuses courses ballon en main. Par ailleurs, l'essai du Castrais Rémi Lamerat à la 51ème minute est révélateur du nouvel état d'esprit de cette équipe qui cherche désormais à jouer debout et à faire vivre le ballon plutôt que de s'échiner à imposer un défi physique à ses adversaires. Reste à savoir si ces Bleus sauront conserver ce fonds de jeu dans des matchs à enjeu comme le prochain tournoi des Six Nations que la France n'a plus remporté depuis son Grand Chelem réalisé en 2010.
Baptiste Serin crève l'écran et prend rendez-vous avec l'avenir
Cette tournée d'été est l'occasion pour Guy Novès de « mesurer l'étendue du réservoir français » comme il l'a lui même déclaré le 15 juin dernier juste avant le premier match contre l'Argentine. En effet, le nouveau boss des Bleus était privé de nombreux internationaux encore en lice avec leurs clubs dans les phases finale du championnat de France. Ainsi, pas moins de huit joueurs titulaires lors du dernier match des Six Nations face à l'Angleterre étaient absents cet été. Le staff a donc concocté un groupe inédit dans lequel apparaissent de nombreux néophytes.
A l'issue des deux matchs contre l'Argentine, certains ont semble-t-il marqué les esprits et devraient être amenés à revenir en équipe de France lors de la prochaine tournée d'automne en novembre. Nous pensons bien évidemment en premier lieu à Baptiste Serin. Le demi de mêlée de l'Union Bordeaux Bègles a éclaboussé les deux rencontres de toute sa classe. En effet, Serin sort d'une saison pleine avec son club et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas manqué ses débuts sous le maillot tricolore. Lors du 1er match, il a été le meilleur joueur français sur la pelouse et sa sérénité, la qualité de ses transmissions et son culot ont fait merveille. Reconduit pour le second test, le jeune Landais de 22 ans a parfaitement assumé son rôle de patron que lui confère son poste de demi de mêlée. Disposant d'un solide jeu au pied, il a également franchi à plusieurs reprises et c'est d'ailleurs l'un de ses franchissements qui a amené l'essai de Bonneval, le premier de la rencontre, juste avant la mi-temps. Après deux solides prestations pour ses deux premières sélections, le Bordelais devrait revenir dans le groupe France lors du prochain rassemblement pour concurrencer le meilleur demi de mêlée du Top 14, le Racingman Maxime Machenaud.
Des bizuths prêts à s'installer durablement dans le groupe France
Un autre néophyte a marqué de précieux points aux yeux de Guy Novès lors de cette tournée d'été. Il s'agit du talonneur du Stade Français, Rémi Bonfils, appelé à suppléer les deux joueurs présents durant le tournoi, Guilhem Guirado et Camille Chat. Derrière l'intouchable et remarquable capitaine Guirado, le Racingman, Chat, 20 ans et toujours doublure de Szarzewski en club, est encore un peu tendre pour prétendre être le remplaçant du Varois en équipe de France. Ainsi, Rémi Bonfils avait une belle carte à jouer. Impeccable en touche (13/13 au 1er match), dynamique dans le jeu (10 courses lors du 1er match) et rassurant en défense (9/9 aux plaquages durant le 2nd match), il s'est même payé le luxe d'inscrire son premier essai en sélection. Ses deux belles prestations devraient lui valoir de retrouver la sélection en novembre prochain.
Enfin, d'autres joueurs en ont également profité pour s'illustrer. Le deuxième ligne, Julien Ledevedec, excellent en Top 14 depuis de nombreuses années, a démontré toutes ses qualités de deuxième ligne sauteur et adroit ballon en main. Présent à côté de Yoan Maestri, le néo-Briviste a fait état de sa complémentarité avec la poutre toulousaine et il devra assumer la concurrence avec le Parisien Alexandre Flanquart à l'avenir. Enfin, les deux troisième ligne, Kevin Gourdon et Loan Goujon, ont eux aussi rendu compte de leurs belles dispositions. Avec Picamoles en numéro 8 et Wen Lauret en flanker, les deux anciens compères de La Rochelle pourraient bien se disputer une place de titulaire lors du prochain rassemblement des Bleus. La troisième ligne de l'équipe de France, orpheline depuis les départs de Thierry Dusautoir, Imanol Harinordoquy et Julien Bonnaire, pourrait bien avoir trouvé ses successeurs.
